Sonia, arrivée depuis peu chez Alenvi, nous raconte la transformation de son ancienne structure, Autonhome à Rouen. Le modèle des équipes autonomes nécessite un véritable engagement et un investissement quotidien de la part de la structure d’aide à domicile et des auxiliaires. Ce témoignage permet de comprendre pourquoi certaines structures font ce choix mais aussi quelles répercussions ce modèle peut avoir sur la qualité des accompagnements et sur les bénéficiaires. Si à la lecture de ce témoignage vous êtes intéressés par comprendre le fonctionnement plus en profondeur, n’hésitez pas à regarder les différents articles sur le site d’Alenvi.
Compani: Peux-tu te présenter et nous expliquer ton parcours ?
Sonia: Je m’appelle Sonia et je suis auxiliaire de vie depuis 2012 et auxiliaire d’envie chez Alenvi depuis novembre 2020. Je n'étais pas forcément destinée à faire ce métier. J’ai obtenu un diplôme en marketing, géré mon propre magasin pendant 15 ans puis je me suis occupée d’un institut de bien-être qui n’a pas survécu à la crise de 2008. C’est à ce moment là que j’ai suivi une formation pour devenir auxiliaire de vie. J’ai été auxiliaire dans deux structures pas très sérieuses avant d’arriver chez Autonhome où j’ai vécu avec enthousiasme la transformation de la structure en équipes autonomes. Depuis peu, je vis à Paris et j’ai donc intégré l’équipe d’Alenvi.
C: Pourquoi avoir choisi de faire le métier d’auxiliaire de vie ?
S: J’ai d’abord fait le choix du métier d’auxiliaire de vie par souci financier. Mon institut venait de faire faillite, je vivais seule avec mes deux enfants, il fallait que je gagne ma vie. Je me suis dit que j'allais aussi apprendre les bons gestes pour m’occuper en parallèle de ma mère malade et seule. Tout de suite, cette perspective a donné un sens à mon travail et m’a permis de passer outre les conditions de travail parfois difficiles. Enfin, le dénominateur commun aux différents métiers que j’ai fait est l’intérêt pour les autres. J’aime les gens et j’ai conscience que dans la société dans laquelle on vit beaucoup de gens ne sont pas adaptés et ont besoin d’évacuer. C’est aussi ce qui m’a fait venir dans le métier. En revanche, je ne pensais pas que la réalité du travail serait si dure.
C: Comment s’est passée la transformation vers les équipes autonomes ?
S: Je suis arrivée chez Autonhome peu de temps avant que l’entreprise se lance dans sa transformation en équipes autonomes et j’ai tout de suite été très partante. Je n’aime pas les préjugés qui vont avec le métier d’auxiliaire et je suis donc heureuse de travailler à la valorisation du métier. La transformation est à l’initiative d’Antoine Blondel, gérant d’Autonhome, ancien exploitant agricole qui est arrivé dans le secteur de l’aide à domicile avec l’envie de faire bouger les choses. Il a mûri le projet pendant un ou deux ans puis suite à un voyage aux Pays-Bas pour étudier la méthode Buurtzorg, il s’est lancé dans la transformation. Je me souviens que le discours d’annonce était très beau et en même temps la réalité du changement, après, a été difficile. Antoine Blondel a donné à chacun la possibilité de rester ou non pendant la transformation. De fait, quelques auxiliaires sont partis parce qu’ils savaient que le modèle ne leur conviendrait pas. En parallèle, nous avons été accompagnés par une coach de qualité qui nous a notamment formés sur la communication non-violente. Cette formation a été essentielle pour nous, elle a redéfini un cadre de travail et nous avons appris à communiquer autrement.
C: Concrètement, comment vous êtes vous organisés au quotidien ?
S: J’ai fait partie de la première équipe autonome. Nous avons changé notre mode de fonctionnement en commençant par prendre plus d’initiatives. Du jour au lendemain, nous sommes devenus autonomes sur le recrutement, sur la gestion des plannings, sur des tâches administratives. Au début, nous étions débordés dans toutes nos tâches, nous ne savions pas comment nous les répartir et nous ne savions pas non plus comment les appréhender. Les premiers recrutements furent de vrais échecs. Pas à pas, nous avons su trouver notre rythme : répartition et roulement des tâches, aide de l’administration si besoin. C’est très difficile de devenir autonome. On savait que l’autonomie allait accroître la qualité de notre travail mais au début, la tête dans le guidon, on ne s'en rendait pas compte. Pendant les six premiers mois, quelques auxiliaires sont partis. Seuls les auxiliaires vraiment motivés sont restés et nous avons commencé à voir les fruits de l’autonomie. Au bout d’un an, toutes les équipes de Autonhome Rouen étaient sur le modèle autonome. A partir de ce moment, tout s’est vraiment stabilisé et les équipes n’ont plus trop bougé.
C: Qu’est-ce que la transformation a apporté à la vie d’équipe ?
S: Selon moi, les bénéfices de l’autonomie des auxiliaires sont nombreux à plusieurs échelles. Déjà, la vie en équipe autonome est très différente. A Rouen, nous avons instauré d’aller au restaurant une fois par mois en équipe, ça n’aurait jamais été imaginable avant ! Cette cohésion a eu des répercussions au quotidien. Par exemple, il est devenu plus facile de trouver des remplacements entre nous parce que nous nous connaissions mieux. Chez Alenvi, on a un horizon encore plus large car nous gérons aussi les partenaires, les cas qualité, il y a un système de parrain/ marraine,... Au quotidien, c’est stimulant et il y a une vie d’équipe très forte.
C: Qu’est-ce que ça a changé à ton quotidien d’auxiliaire ?
S: Pour une auxiliaire, être autonome peut être moins stressant. On se sent fidèle à l’entreprise pour laquelle on travaille. Le quotidien a un côté plus confortable avec la sectorisation notamment. A Rouen, du jour au lendemain, j’ai pu aller chez mes bénéficiaires en vélo. Et pendant les accompagnements, j’ai pris des libertés qui n'auraient jamais été imaginables auparavant. Je m’occupais, par exemple, d’un schizophrène sévère qui rêvait de voir la mer. J’ai tout organisé pour l’emmener à Dieppe. En termes d’organisation ce n’est pas évident avec un malade mais l’entreprise m’a fait confiance. On est aussi allés à Paris ensemble. C’était super ! Notre travail, basé sur l’initiative personnelle, est plus qualitatif et surtout n’est plus cantonné aux simples tâches ménagères. Nous sommes vraiment des aides à la personne. Les bénéficiaires reçoivent alors un accompagnement plus qualitatif. Je ne sais pas s' ils en ont toujours conscience mais je sais que, par exemple, l’idée du binôme remplaçant chez Alenvi a des effets positifs pour eux. Les bénéficiaires voient les mêmes têtes d’un accompagnement sur l’autre, c’est moins de stress et ils se sentent en confiance. Une auxiliaire autonome c’est aussi une auxiliaire mieux informée sur toutes les questions administratives : je me suis donc retrouvée à aider mes bénéficiaires pour qu’ils aient accès au plan d’aide. Ça intensifie les liens entre nous.
C: Qu’est-ce que ça apporte à la structure ?
S: Les répercussions de cette organisation sur l’entreprise sont multiples. Outre la satisfaction à la fois des auxiliaires et des aidants, l’entreprise acquiert facilement une bonne réputation. Autonhome, par exemple, a été élue meilleure entreprise d’aide à domicile de Rouen. Ce critère incite les auxiliaires à rester travailler dans la même entreprise, ce qui n’est pas négligeable dans un secteur où le turn-over est souvent élevé. Il y a un côté rassurant pour tout le monde.
C: Pourquoi avoir choisi Alenvi en venant à Paris ? Comment te sens-tu au sein d’Alenvi ?
S: Autonhome et Alenvi font partie du collectif l’Humain d’abord donc Antoine Blondel m’a tout de suite orientée vers Alenvi quand je lui ai exprimé mon souhait de partir vivre à Paris. Je ne me voyais pas travailler dans une entreprise sans équipes autonomes. Chez Alenvi, j’ai découvert un champ d’activité encore plus vaste car l’entreprise a plusieurs casquettes notamment avec l’organisme de formation Compani. Bien sûr, il faut sentir que le modèle est fait pour nous et s’y adapter. Moi je m’y sens bien surtout parce que je sens que toute l’équipe dans les bureaux s’occupent au mieux des auxiliaires pour que les auxiliaires après puissent s’occuper au mieux des bénéficiaires. C’est une super logique !