Revenir en arrièrePrévenir la maltraitance envers les personnes âgées : un cadre autant qu'une procédure
L'humain au coeur de l'accompagnement

Prévenir la maltraitance envers les personnes âgées : un cadre autant qu'une procédure

Pour limiter les situations qui mettent en danger une personne âgée la procédure la plus connue correspond au processus de signalement auprès du Procureur de la République. Cette procédure, importante à connaître et à mobiliser, prend néanmoins tout son sens lorsqu'elle est précédée d'un cadre général, protecteur car favorisant l'échange. L’enjeu est évidemment de mieux accompagner les professionnels pour éviter une situation inconfortable sur le terrain.

Des facteurs de maltraitance souvent difficiles à repérer chez les personnes âgées

La vulnérabilité d'une personne âgée peut dans certains cas être accentuée par des comportements à caractère maltraitant (physiquement, émotionnellement, financièrement). Dans les faits, il est extrêmement complexe de parvenir à affirmer qu'une personne accompagnée est menacée. Tout d'abord parce que la personne âgée peut être touchée par des troubles cognitifs qui altèrent son comportement, ses émotions et la perception de son environnement. Identifier la cause exacte de marqueurs physiques, de ses angoisses ou peurs demande alors une vigilance et une écoute permanente. D'autant plus que, la perte d'autonomie s'accentuant, le nombre d'acteurs dans l'entourage de la personne âgée augmente.

En tant que structure d'aide à domicile nous sommes aussi confrontés à la difficulté d'accéder à l'ensemble des informations concernant la personne que nous accompagnons : son passé, sa situation familiale ou encore son tissu relationnel font partie de son intimité. Si le lien qui se crée entre l’auxiliaire de vie et le bénéficiaire peut créer un contexte permettant de la dévoiler, cela demande du temps, est souvent partiel et dans tous les cas empreint d’une subjectivité qui demande une prise de recul, d’autant plus forte lorsqu’une pathologie s’en mêle. Inversement, lorsqu'il y a un doute, se pose alors la question du secret professionnel et du risque de mettre en péril la relation de confiance nouée entre l'auxiliaire de vie et la personne âgée. Il faut en effet avoir conscience que pour une personne âgée, surtout touchée par des troubles cognitifs, cette situation, qu'elle soit révélée ou non, est une épreuve car elle bouleverse forcément son contexte habituel.

Enfin au-delà même de ces difficultés liées à la personne âgée et son environnement, reste le souci d'une appréciation entièrement liée à la subjectivité de chacun car la limite entre un comportement maltraitant ou non est parfois extrêmement ténue. Par exemple lorsqu’une de nos équipes intervient auprès de personnes âgées au cœur d’un contexte familial difficile, ces tensions peuvent se cristalliser autour de l’accompagnement et des intervenants qui viennent au domicile. Les auxiliaires de vie se retrouvent alors pris en tenaille entre différents membres familiaux plus ou moins proches de la personne et avec des avis divergents. Il est alors très difficile pour les professionnels de prendre du recul, de trouver la bonne posture et d’analyser l’influence qu’ont ce contexte familial et les différents membres de la famille sur la personne âgée : dans leur prise de décision, cherchent-ils avant tout le bien-être de la personne âgée ou leur intérêt ? À quel moment se positionner et intervenir pour préserver l’intégrité physique, psychologique, émotionnelle ou financière de son bénéficiaire ? Répondre à ces questions seul est très complexe. Pouvoir échanger avec ses collègues confrontés à la même situation et d’autres professionnels est à ce moment-là clé pour décider si des actions doivent être prises.

Avant de signaler un cas de maltraitance envers une personne âgée, en parler

Entourer une personne âgée et l'accompagner dans son quotidien est une responsabilité face à laquelle il ne faut pas rester seul(e). Que l'on soit un professionnel ou un membre de son entourage personnel, il existe autour de soi d'autres acteurs capables d'apporter leur expérience et de conseiller quant à la nécessité d'agir pour protéger la personne âgée. Des collègues, centres locaux d'informations, plateformes d'aidants, associations ou professionnels spécialisés auront forcément rencontré une situation similaire et pourront partager leurs bonnes pratiques pour adopter le bon réflexe.

C'est pourquoi chez Alenvi, plutôt que d'instaurer des process pour contrôler chaque faits et gestes, nous préférons constituer un cadre qui favorise au maximum les échanges tout au long d'un accompagnement.

  • Chaque bénéficiaire est accompagné au minimum par un binôme de deux auxiliaires
  • Toutes les deux semaines, chaque équipe d'auxiliaires se réunit pour un temps de partage de pratique et d’échange sur les différents bénéficiaires accompagnés
  • Chaque auxiliaire est intégré et suivi pendant toute la durée de son contrat par un parrain ou une marraine et deux coachs (coach équipe et coach commercial)
  • Des temps de formations délivrés par des neuropsychologues et coachs sont organisés régulièrement pour aider à prendre du recul sur sa pratique
  • Deux fois par an, une visite qualité est organisée avec la personne âgée, sa famille et le référent qualité de l’équipe pour faire un point sur l’accompagnement
  • Les auxiliaires et référents qualités collaborent avec l'environnement médico-social de la personne âgée

Notre priorité est donc de s’assurer que chaque intervenant à domicile ne reste pas seul dans sa pratique. Par exemple, lors des réunions d’équipe qui ont lieu tous les 15 jours, un moment est toujours accordé pour faire le point sur la situation des bénéficiaires. Lors d’un de ces moments, un auxiliaire d’envie a partagé son indignation quant au manque de professionnalisme de la structure de soins qui intervenait aussi au domicile d’un de ses bénéficiaires : manque de communication avec la famille et les auxiliaires, manque de propreté, manquement de portage de petit-déjeuner… L’équipe en lui posant des questions a analysé avec lui la situation, a pu comprendre qui pouvait aussi témoigner et qui devait être informé. Un premier échange avec l’équipe de soins a été décidé. À la réunion de l’équipe suivante, car aucun changement n’avait été constaté, il a alors été décidé que l’auxiliaire d’envie qui a alerté téléphone à l’infirmière coordinatrice pour l’informer. Créer les conditions pour que plusieurs interlocuteurs avec un point de vue, une expertise et une expérience différente puissent échanger au quotidien permet ainsi de s'améliorer en continu et de favoriser un accompagnement bientraitant. Un échange d'autant plus constructif qu'il facilite la mise en place d'actions pour éviter qu'une situation ne se transforme en comportement maltraitant.

Mieux vaut trop alerter que pas assez en cas de doute de maltraitance envers une personne âgée

Parfois la situation nécessite que d'autres professionnels médico-sociaux prennent le relais pour que la personne âgée soit protégée. Nous alertons alors le professionnel de l'entourage de la personne âgée le plus adapté (médecin généraliste, neurologue, neuropsychiatre, gériatre, accueil de jour référent, CLIC, MAIA, etc).

Dans le cadre de cette procédure nous avons eu notamment la chance d'être conviés à un après-midi d'échange sur les outils à la disposition des professionnels pour la protection des majeurs vulnérables, organisée par la ville de Paris et en présence de Madame Galla Bridier, Adjointe à la Maire de Paris en charge des seniors et de l'autonomie et Monsieur Rémy Heitz, procureur de la République de Paris. Au-delà de rappeler la procédure à suivre pour effectuer un signalement d'une personne majeure vulnérable résidant à Paris, des rappels importants ont été effectués notamment qu'il vaut mieux effectuer un signalement plutôt que de laisser une situation nuire à la personne âgée accompagnée, même en cas de doute. Une vérification est ensuite effectuée pour décider si la procédure de signalement doit être poursuivie ce qui est effectivement le cas pour 1/3 des signalements.

Chez Alenvi nous considérons ainsi que nous avons une obligation de moyen consistant à mettre en oeuvre tout ce qui est pertinent pour lutter contre toute forme de maltraitance des personnes que nous accompagnons. Pour cela, nous favorisons la prévention en créant un cadre qui favorise au maximum l'échange et nous alertons lorsque cela est nécessaire.

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